LE GRAND COMBAT

Damien a rencontré la boxe à 10 ans : une époque où il était en échec scolaire et avait peur de beaucoup de choses de la vie. Son père a cherché, dit-il, “à l’endurcir”. Aujourd’hui, Damien a 22 ans et fait partie de cette génération de jeunes adultes décomplexés et connectés, jouant des réseaux sociaux avec simplicité, cumulant des centaines de likes en quelques minutes. Normal. C’est d’ailleurs sur Youtube qu’il l’a regardée pendant des heures, la boxe. Et sur Youtube qu’il a nourri son fantasme de carrière. Car depuis 12 ans, Damien a un seul rêve en tête : combattre.

Ce n’était pas gagné, pourtant. Car chez lui, le coup de poing n’est pas inné. Il n’avait pas ce qu’on nomme “la vocation”, celle qui transforme des personnes ordinaires en grandes épopées. D’ailleurs, au départ, c’est la boxe qui a gagné. Et lui, il a encaissé les échecs. Ceux de la compétition, d’abord. Celui de l’école aménagée au Pôle France de Toulouse ensuite. Comme s’il n’avait pas suffisamment d’énergie pour avancer hors du ring. Mais le rêve était là. En filigrane. Et ce que la boxe n’a pas vu, c’est que Damien, quand il veut quelque chose, il s’en donne les moyens.

Au moment où je vous parle, Damien est plusieurs fois champion de France, mais aussi champion du monde de boxe savate dans sa catégorie (- de 70kg). Un titre arraché le 30 novembre 2019, en seulement 20 secondes de combat. 20 secondes, 4 coups, 1 forfait. A 22 ans, construit sur des échecs, plus solide et déterminé que jamais, Damien a donné une sacré leçon à la boxe. 

Une victoire en demi-teinte, certes. Car Damien, c’est le combat qui l’anime. Et pour cette ultime rencontre, de combat il n’y a pas eu. Enfin, pas celui qu’il espérait donner.

Quand il abandonne son survet et enfile costume et gants, Damien se transforme. Le jeune insouciant et connecté laisse la place à un champion concentré, déterminé, sans peur, à tirer le meilleur parti de lui-même. Car pour lui, ce n’est pas seulement un titre qui se joue. C’est le grand combat d’une vie.

Cette série a été réalisée en novembre 2019, dans les coulisses du Fight and furious tour.
Remerciements : Damien Fabregas et les organisateurs du Fight and furious tour